Il est difficile de trouver les mots justes, et mêmes les mots tout court, pour raconter la vie à Bangui et dans les autres villes de la République centrafricaine. Si on peut appeler cela une vie ! Vie qui tient sur un fil, errances de survie, mort aux aguets et valeurs de mort triomphantes, et pourtant espoirs aussi, rires du quotidien, luttes pour le bonheur demain. Cela, disais-je, est difficile à raconter avec des mots. Et avec des images ? Pas plus facile. Non pas seulement par peur de manquer de justesse de propos, mais aussi parce que cette justesse peut se heurter, et se heurtera forcément, chez certains, au scepticisme ou à l’incrédulité organisés de qui veut dormir en paix, vaquer tranquillement, s’indigner en temps mesuré et ne s’émouvoir que ponctuellement.
Voilà pourquoi le travail du centrafricain Didier Kassaï doit être signalé. Il rend compte de toutes ces facettes de la vie banguissoise et centrafricaine en même temps, avec précision, avec sobriété, avec humour, et le tout avec un talent dont on espère qu’il peut briser certains mouvements de replis. Témoignage précieux pour aujourd’hui et demain. Et pour ceux qui passeraient de la lecture du dernier album de Didier Kassaï à celle de son oeuvre, une forme de plongée aux racines du malheur centrafricain et de la capacité de rebond des centrafricains.
Merci l’artiste !
Né le 20 avril 1974 à Sibut (Centrafrique), Didier KASSAÏ est illustrateur, caricaturiste et aquarelliste autodidacte. Entre 1994 et 1997, il dessine dans les pages de la presse biblique de la Baptist Mid-mission et au Quotidien « Le Perroquet » (journal satirique) où il publie plusieurs caricatures sur la situation politique en RCA pendant la période des mutineries qui ont secoué le régime d’Ange-Félix PATASSE.
Dès 1998, il suit plusieurs stages en Bande Dessinée puis participe à une dizaine de festivals, résidences et expositions en Afrique, en Europe, au Japon et aux Etats-Unis. Co-auteur (avec Olivier Bombasaro) de « Gipépé le pygmée »et « Aventures en Centrafrique » aux éditions Les Classiques Ivoiriens en 2005 et 2006, il a également pris part à d’autres albums collectifs dont « À l’ombre du Baobab »en 2001, « Africa comics » aux éditions Lai-momo (Bologne) en 2003 et 2006, « une journée dans la vie d’un Africain d’Afrique » édité par l’association l’Afrique Dessinée (St Ouen)en 2007 et « Vies Volées » chez Afrobulles en 2007…
En 2006, il est lauréat du « Prix africa e mediterraneo » à Bologne avec « Azinda et le mariage forcé » et du concours panafricain «Vues d’Afrique » avec« Bangui la coquette » au festival d’Angoulême. En 2009, il obtient le « Prix du meilleur projet » de BD en cours de réalisation avec« Pousse-pousse » au festival d’Alger.
Son premier album personnel « l’Odyssée de Mongou » (une adaptation du roman de P. Sammy MACKFOY, Ed. SEPIA) est sorti en 2008 aux éditions les Rapides à Bangui. Deux autres albums paraîtront en 2014 : « Tempête sur Bangui » chez La Boite a Bulles et « Pousse-pousse » chez l’Harmattan BD…
Didier Kassaï est aussi connu pour ses aquarelles humoristiques des scènes de vie quotidienne en Centrafrique.
One comment on “Centrafrique. La terreur illustrée : Didier Kassaï, dessinateur de talent”
Merci de nous avoir fait partager ce beau travail.
Bravo à Didier Kassai.
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