Qu'est ce que le G-16 ?
- Organisations de la Société civile légalement constituées
- Personnalités indépendantes
- Activistes des Droits de l’Homme
- Journalistes
- Leaders d’opinion
- Tout Citoyen concerné par la défense des droits du Peuple face à l’autocratie et la barbarie.
- Communiqués de presse et déclarations,
- Démarches auprès des chefs des institutions publiques centrafricaines, des diplomates accrédités en Centrafrique, des institutions sous-régionales, africaines et internationales,
- Participation à tout débat public sur les questions liées à la Constitution,
- Mise en place des cellules de veille sans les arrondissements de Bangui et les villes de la République centrafricaine,
- Création d’un réseau international de citoyens contre la modification de la Constitution
- Sensibilisation de la masse populaire sur les dangers de la rupture de l’ordre constitutionnel en République centrafricaine,
- Organisation de manifestations publiques,
- Toutes autres actions citoyennes et pacifique
Le Bureau de la coordination nationale et internationale du G-16
Télécharger le Bureau de la Coordination
COORDINATION NATIONALE
- Coordonnateur national : Karl BLAGUE (Observateur de la vie politique)
- Vice coordonnateur : Giovanni DAMANDJI (Pré-stagiaire avocat, Activiste)
- Secrétaire national et Porte-parole : Ben Wilson NGASSAN (Journaliste indépendant et Activiste)
- Conseillère technique et juridique : Me Arlette SOMBO DIBELE, (Avocate au Barreau de Centrafrique)
COORDINATION INTERNATIONALE
- Coordonnateur international : Professeur Jean François AKANDJI KOMBE (Président de l’Association Citoyens Debout et Solidaires Centrafrique)
- Vice Coordonnateur international : Sydney TCHIKAYA (Informaticien et Activiste politique)
- Secrétaire international et Porte-parole diaspora : Ludovic LEDO (Juriste et Activiste politique)
- Responsable pôle Europe et Chargé de la mobilisation internationale : Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Conférence de presse du 8 juin 2022
Propos liminaires
Télécharger les propos liminaires
PROPOS LIMINAIRES À LA PREMIÈRE DÉCLARATION DE PRESSE DU GROUPE D’ACTION DES ORGANISATIONS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE POUR LA DÉFENSE DE LA CONSTITUTION DU 30 MARS 2016
Mesdames et messieurs les professionnels de médias
C’est tout à notre honneur de vous accueillir, aujourd’hui, dans cette modeste salle afin de tenir ces échanges patriotiques.
Premièrement, il s’agit pour nous de vous annoncer la création, aujourd’hui, de cette nouvelle Plateforme de la Société civile dénommée « Groupe d’Action des Organisations de la Société Civile pour la Défense de la Constitution du 30 Mars 2016 », en abrégé « G-16 »
Secundo, nous attendons, ici, livrer l’analyse que nous faisons par rapport à cette tentative effrénée de modification de la Constitution de la République centrafricaine.
Mesdames et messieurs, l’heure est grave ! La Démocratie est plus que jamais menacée. Alors que les défis quotidiens auxquels font face nos populations sont entre autres : la cherté de vie marquée par une crise socioéconomique inédite, le pourrissement de la vie politique par l’entretien de la violence, de la terreur et des persécutions de toute sorte, la montée de l’insécurité par la reprise des combats entre les rebelles et les forces gouvernementales, des députés véreux en tête desquels le Député Brice KAKPAYEN, entendent se prêter au jeu dangereux de tentative d’un coup d’Etat constitutionnel, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Chaque citoyen centrafricain doit en être conscient : l’entreprise actuelle de modification de la Constitution est une ultime tentative pour tuer notre démocratie à la racine.
En effet, non seulement elle vise à rétablir le pouvoir à vie que les Centrafricains ont massivement et définitivement rejeté, mais elle le fait, en plus, en foulant au pied une des interdictions les plus fermes de notre Constitution : l’interdiction pour le Président de la République d’aller au-delà du 2e mandat. Nous sommes bien là en face d’un acte de forfaiture, un acte que notre Constitution punit en principe par la destitution du chef de l’État.
Or, posons-nous la question, comment cette sanction constitutionnelle peut-elle être appliquée si l’institution qui en a la charge, à savoir l’Assemblée nationale, contribue elle-même à commettre cette forfaiture ?
C’est dire qu’il n’y a plus aujourd’hui, en République Centrafricaine, de garde-fou contre les abus du pouvoir. C’est dire aussi que chaque citoyen se trouve désormais livré à lui-même pour sa protection et la sauvegarde de ses libertés.
L’heure est grave aussi parce que ce coup d’État constitutionnel porte en lui les germes d’une crise grave aux conséquences incalculables, ainsi que l’histoire nous l’enseigne. Nous en voulons pour preuve, non seulement le basculement de la République centrafricaine vers l’empire, de triste mémoire, sous la gouvernance du défunt Empereur Jean-Bedel BOKASSA, mais aussi les expériences récentes d’autres peuples africains, notamment ceux du Burkina Faso de Blaise Compaoré et de la Guinée d’Alpha Condé. Les conditions sont créées aujourd’hui pour que la République centrafricaine et les Centrafricains soient à nouveau victimes de l’inculture politique et de l’amnésie, ainsi que de la soif de pouvoir, de leurs dirigeants.
Bref, point n’est besoin d’épiloguer. Face aux mauvais signaux que renvoient cette tentative foncièrement antirépublicaine, il y a lieu de constater, avec vous, un certain immobilisme d’une partie de la Société civile.
Notre Société civile prend-t-elle la mesure de ce qui se joue aujourd’hui face à ce projet à bras le corps par la majorité présidentielle ?
Il est vrai que le régime de Bangui a choisi, à travers ses « requins », la voie de la terreur pour bâillonner les Centrafricains et tuer toute possibilité d’action.
Des filles et fils de ce pays, avec des organisations de la société civile n’en restent pas moins debout, comme nous le démontrent, entre autres, le Professeur Jean-François AKANDJI-KOMBE, à travers son Mouvement Citoyen Debout et Solidaire, le Magistrat Joseph BINDOUMI, à travers la Ligue Centrafricaine des Droits de l’Homme, ou encore la Plateforme « Touche pas à ma Constitution ».
Or, vous le savez, en Démocratie, la Société civile joue le rôle d’avant-garde. Elle est le porte-voix de la population. Elle est naturellement concernée par l’enracinement de la démocratie et la promotion de la stabilité institutionnelle et constitutionnelle.
C’est donc pour apporter sa pierre à l’édifice qu’est créé le G-16, un groupe d’action des Organisations de la Société Civile pour la Défense de la Constitution du 30 Mars 2016.
G-16 regroupe en son sein les leaders d’opinion, activistes, journalistes, associations de la Société civile et personnalités indépendantes. Son objectif principal est de faire barrage à cette tentative de révision constitutionnelle qui ouvrira sans doute au Président Touadéra la voie à un pouvoir à vie.
Apolitique, nous nous inscrivons dans une dynamique de lutte purement citoyenne et pacifique. Nous n’appartenons pas aux extrêmes. Nous défendons à juste titre les valeurs de la Démocratie, de paix, de stabilité et de progrès pour notre Peuple.
C’est pourquoi, aussitôt après ce lancement, nous allons nous déployer dans les villes et communes de la République centrafricaine afin d’éveiller la conscience des populations et les amener à s’engager pleinement dans cette lutte commune.
Comme nous l’avions annoncé au début, nous vous invitons aujourd’hui afin de parler aussi des conséquences qu’entrainera ce projet révisionniste porté par les députés de la majorité présidentielle. Et pour cette première déclaration de presse, nous avons décliné les conséquences sur quatre principaux angles à savoir :
1-L’angle politique :
Vous l’avez suivi, et nous le savons, le projet « crisogène » que porte le Député Brice KAKPAYEN entend revoir les conditions d’éligibilité à la haute fonction de l’Etat. Ce qui est, à n’en point douter, la stratégie du régime pour écarter certains fils et filles du pays de la course présidentielle dont le Rendez-vous est fixé en 2026.
C’est ici qu’il convient de questionner cette démarche qui est celle du pouvoir, tendant à favoriser l’exclusion en lieu et en place du rassemblement, de l’Unité des Peuples, tel que défini dans la Constitution que nous défendons.
Il faut surtout dire que le projet révisionniste que soumettent ces aventuriers politiques fera beaucoup plus mal. Car, il vise uniquement à « remettre le compteur à zéro », en langage simple « accorder un troisième mandat, voire un mandat à vie, au Président Touadéra ». Un chèque blanc pour marcher sur la Démocratie et l’Etat de droit, promouvoir les criminels politiques et économiques, instaurer davantage la terreur, qui a caractérisé ce régime depuis ces six dernières années.
2-L’angle socioéconomique :
Sans épiloguer sur les chiffres les plus effrayants de la Banque Mondiale ou de la FAO qui annoncent qu’au moins 2.3 millions de Centrafricains mourraient de faim, d’ici à la fin de cette année, il y a même lieu de noter que, de façon empirique, le pays est en pleine récession économique. Et la loi hasardeuse sur la cryptomonnaie que vient de vendre le pouvoir, ne fera qu’exacerber la chute économique déjà en cours, car non seulement les Partenaires ont refusé de nous apporter leur aide, mais durant six ans, le gouvernement n’a pas travaillé à créer de la richesse, à apporter des solutions concrètes face à l’inflation ou à la cherté de vie.
4-L’angle sécuritaire :
Vous aurez sans doute compris qu’avec l’asphyxie économique du pouvoir de Bangui, les forces rebelles ont gagné en terrain, faisant plusieurs morts chaque jour au sein de nos FACA, tuant les populations civiles, pillant les biens de passage. Si la légitimité démocratique du régime de Bangui est toujours remise en cause, il n’en demeure pas moins qu’une nouvelle Loi, avec pour objectif d’offrir un troisième mandat au Président Touadéra, ne viendra que renforcer la légitimité des groupes armés et détériorer le climat sécuritaire déjà trop délétère.
5-L’angle juridico-institutionnel
Le changement de la Constitution du 30 Mars ne sera rien d’autre qu’une forfaiture dont la tache indélébile restera à jamais sur le tissu juridico-institutionnel en République centrafricaine. Figurez-vous, que la Loi du 30 Mars 2016 a été promulguée suite aux larges consultations populaires à la base, soldées par le Forum de Bangui, véritablement inclusif, le Peuple avait, durant ce temps, manifesté sa volonté souveraine déclinée dans cette Loi.
Unanimement, le Peuple a fixé les critères irrévocables d’éligibilité aux fonctions de l’Etat, insisté sur la question de la limitation des mandats présidentiels (ceci, bien entendu pour favoriser une alternance crédible et permettre à la Démocratie de respirer).
Le Peuple a surtout décliné les institutions habilitées à conduire à la révision constitutionnelle.
Fort de tout ce qui précède, nous, acteurs de la Société civile, réunis au sein du G-16, protestons vigoureusement contre cette tentative éhontée de modification de la Constitution, qui ouvrira sans doute la voie à l’instabilité sécuritaire, politico-démocratique et surtout juridico-institutionnelle.
Ceci étant, nous nous réservons le droit de mobiliser le Grand Peuple à travers tous les moyens que nous confère la Constitution afin de faire barrage à ce projet plus que suicidaire pour notre jeune Démocratie.
« Aux lois injustes, l’obéissance civile n’est point un devoir »
« Tous pour une alternative crédible en Centrafrique ! »
Nous vous remercions !!!
Bangui le 8 juin 2022
Ont signé :
Le Coordonateur national : Karl BLAGUÉ
Le Perte-parole national : Ben Wilson NGASSAN
Extrait vidéo de la conférence de presse
Mémorandum-Alerte
Télécharger le Mémorandum-Alerte
MÉMORANDUM-ALERTE
ADRESSÉ AU PEUPLE CENTRAFRICAIN, AUX INSTITUTIONS NATIONALES ET À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Des raisons pour lesquelles le processus actuel de modification de la Constitution est antinational, anti-démocratique et anticonstitutionnel
Un groupuscule, soutien du pouvoir de Bangui, avec le soutien manifeste de celui-ci, a entrepris de forcer la modification de notre Constitution afin de permettre à M. Faustin Archange Touadéra de briguer indéfiniment le mandat présidentiel.
Il s’agit d’un pur coup de force contre la Constitution et le Peuple Centrafricain, aux conséquences potentiellement dramatiques, à savoir l’activation d’une nouvelle crise meurtrière et l’isolement africain et international du pays.
Dans ces circonstances graves, le G-16, Groupe d’Action des Organisations de la Société Civile pour la Défense de la Constitution du 30 Mars 2016, prenant ses responsabilités, entend alerter :
- Le Peuple Centrafricain, dont la Constitution est l’expression de la volonté et à qui appartient la souveraineté (art. 26 de la Constitution) ;
- Le Président de la République, dont le rôle premier est de « veiller au respect de la Constitution» (art. 33 de la Constitution), et qui a juré par deux fois « devant Dieu et devant la Nation d’observer scrupuleusement la Constitution (…) et de ne jamais exercer les pouvoirs qui lui sont dévolus par la Constitution à des fins personnelles ni de réviser le nombre et la durée de son mandat » (formule du serment, art. 38 de la Constitution)
- La Cour constitutionnelle, chargée « d’interpréter la Constitution» (art. 95 de la Constitution) et de garantir la conformité à celle-ci des principaux actes de l’État, ainsi que des élections et référendums.
- L’Assemblée nationale et les autres institutions de la République, en tant qu’elles sont créées et habilitées par la Constitution ;
- La Communauté internationale, conformément à la volonté du Peuple Centrafricain « de coopérer dans la paix et l’amitié avec tous les États» et « de nouer des liens d’amitié avec tous les Peuples », et conformément à sa croyance dans « la nécessité de l’intégration politique, économique et sociale africaine au plan sous régional et régional » (préambule de la Constitution).
Le G-16 rappelle que la Constitution du 30 mars 2016 exprime la ferme volonté du Peuple Centrafricain, exprimé notamment au Forum de Bangui, de tourner définitivement le dos aux pratiques du pouvoir qui ont plongé le pays dans le gouffre de la misère, de la mort et de l’indignité.
Il rappelle aussi à tous que, selon la même Constitution du 30 mars 2016, « L’usurpation de la souveraineté par tout procédé non démocratique constitue un crime imprescriptible contre le peuple centrafricain », et que « toute personne qui accomplit de tels actes aura déclaré la guerre au peuple centrafricain » (art. 28).
Le G-16 invite enfin chaque citoyen, chaque institution nationale et chaque membre de la Communauté internationale à se rendre aux évidences qui suivent et, en conséquence, à faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire échec à la modification en cours de notre Constitution.
1- Les circonstances actuelles sont de celles où il est interdit de modifier la Constitution
Aux termes de l’article 152, alinéa 2 de la Constitution :
« Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie (…) lorsqu’il est porté atteinte à l’unité et à l’intégrité du territoire ».
C’est un fait qu’à ce jour l’intégrité du territoire national est loin d’être rétablie. Il ne saurait donc y avoir révision ou modification de la Constitution.
2- L’Assemblée nationale n’est habilitée ni à prendre l’initiative d’une modification de la Constitution, ni à arrêter pareille modification
Il doit être rappelé que l’une des volontés fortes qui ont sous-tendu la rédaction de l’actuelle Constitution était de ne plus permettre qu’il soit touché à ce texte par n’importe qui, facilement et au gré de ses caprices.
Pour atteindre cet objectif, un des moyens retenus est la procédure même de révision. Le Constituant s’est, de fait, employé à la rendre plus exigeante.
Ainsi s’expliquent l’article 151 et l’article 152, alinéa 1 de la Constitution dans leur rédaction actuelle.
Aux termes de l’article 151, « L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et au Parlement statuant à la majorité des deux tiers (2/3) des membres qui composent chaque chambre ».
Et aux termes de l’article 152, alinéa 1 de la Constitution, « La révision intervient lorsque le projet de proposition présenté en l’état a été voté par le Parlement réuni en Congrès à la majorité des trois quarts (3/4) des membres qui le composent ou a été adoptée par référendum ».
Il ressort de ces dispositions qu’au plan parlementaire c’est le Parlement lui-même qui est habilité à intervenir en matière de révision de la Constitution.
Cette intervention a vocation à se faire concurremment à celle du Président de la République en ce qui concerne l’initiative de la révision, et concurremment à celle du Peuple Centrafricain (référendum) en ce qui concerne l’adoption du texte de la révision.
Le Parlement se définit, aux termes de l’article 63 de la Constitution comme la réunion des deux (02) chambres, à savoir l’Assemblée Nationale, d’une part, et le Sénat, d’autre part. C’est l’institution parlementaire ainsi définie qui est visée aux articles 151 et 152, alinéa 1 de la Constitution et elle seule. La référence faite aux « membres qui composent chaque chambre » (art. 151) et celle faite au « Parlement réuni en Congrès » (art. 152, al. 1) viennent conforter cette interprétation.
Ainsi, l’Assemblée nationale n’est pas habilitée à procéder seule en matière constitutionnelle. Elle ne le peut que conjointement avec le Sénat.
La Cour constitutionnelle en a elle-même jugé ainsi dans sa décision n° 004/CCT/17 en date du 1er février 2017 relative à la Loi organique portant Règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. Décision par laquelle elle a jugé comme non conforme à la Constitution la disposition par laquelle l’Assemblée Nationale voulait, déjà, s’attribuer une compétence propre en matière de révision de la Constitution.
Les termes de cette importante décision sont les suivants :
« Considérant que l’article 152 de la Constitution stipule que « la révision intervient lorsque le projet ou proposition présenté en l’état a été voté par le Parlement réuni en Congrès à la majorité des trois quarts (3/4) des membres qui le composent ou a été adopté par referendum » ;
Considérant que l’article 76 de la loi [organique portant Règlement intérieur de l’Assemblée Nationale] est ainsi libellé : « La révision intervient lorsque le projet présenté en l’état a été voté par l’Assemblée Nationale à la majorité des trois quarts (3/4) des membres qui la composent ou a été adopté par referendum » ;
Que cette formulation n’est pas conforme à la Constitution qui prévoit que le projet ou la proposition soit votée par le Parlement réuni en Congrès ;
Qu’ainsi, il y a lieu de reformuler l’article 76 ainsi qu’il suit : « La révision intervient lorsque le projet ou proposition présenté en l’état a été voté par le Parlement réuni en Congrès à la majorité des trois quarts (3/4) des membres qui le composent ou a été adopté par referendum ».
Si, dans son avis n° 015/CC/20 du 5 juin 2020, relatif à la révision de certaines dispositions de la Constitution du 30 mars 2016, la Cour constitutionnelle a semble-t-il opté pour une interprétation qui permet à l’Assemblée nationale de prendre, seule, l’initiative d’une révision, force est de constater que cette interprétation est manifestement contraire au texte de la Constitution.
Le G-16 ne saurait trop exhorter la Haute Cour à revenir sur cette interprétation et à dire qu’en vertu de la Constitution du 30 mars 2016 seul le Parlement, entendu comme la réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat, détient le pouvoir d’engager une révision constitutionnelle.
3- La révision des dispositions constitutionnelles relatives au mandat présidentiel est formellement interdite
Les dispositions de la Constitution, rappelées ci-dessous, sont à cet égard sans ambiguïté : il est interdit de modifier de quelque manière que ce soit et pour quelque motif que ce soit les prévisions de la Constitution en ce qui concerne le mandat présidentiel.
Art. 35 : alinéa 2 et 3
« La durée du mandat du Président de la République est de cinq (5) ans. Le mandat est renouvelable une seule fois.
En aucun cas, le Président de la République ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ou le proroger pour quelque motif que ce soit ».
Art. 38 (serment du Président de la République)
« Moi (…), je jure devant Dieu et devant la Nation d’observer scrupuleusement la Constitution (…) et de ne jamais exercer les pouvoirs qui lui sont dévolus par la Constitution à des fins personnelles ni de réviser le nombre et la durée de son mandat ».
Art. 153 (de la révision)
« Sont expressément exclus de la révision :
- (…)
- Le nombre et la durée des mandats présidentiels ;
- (…)
- Les dispositions du présent article ».
Art. 158 (dispositions transitoires et finales)
« Les dispositions de l’article 35 de la présente Constitution s’appliquent au mandat du Président de la République élu sous l’autorité de la charte constitutionnelle de Transition du 18 juillet 2013. ll commence ainsi le premier des deux mandats consécutifs prévus par l’article 35 ci-dessus ».
Le G-16 souligne que dans son avis n° 015/CC/20 du 5 juin 2020 relatif à la révision de certaines dispositions de la Constitution du 30 mars 2016, la Cour constitutionnelle a clairement pris position sur l’interprétation de ces dispositions.
La Cour a, en effet, jugé en substance que « l’examen combiné de ces dispositions constitutionnelles indique que le Peuple a clairement manifesté sa volonté d’instituer un verrou constitutionnel en ce qui concerne le mandat du Président de la République, verrou que nul ne peut, pas même ses Représentants, les députés, sauf à trahir cette volonté, ni supprimer ni modifier ».
Qu’ainsi, toute modification de ces dispositions constitue non seulement une violation flagrante de la Constitution, mais aussi, selon l’article 124 de la Constitution, un crime de haute trahison exposant le Président de la République à la destitution.
4- Le processus en cours de modification de la Constitution constitue une violation flagrante de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance
La République Centrafricaine a ratifié la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance le 24 avril 2017. Elle est donc liée par les dispositions de ce traité africain.
Parmi les engagements fondamentaux pris par la République Centrafricaine à travers cette ratification, figure « le rejet et la condamnation des changements anticonstitutionnels de gouvernement » (art. 3, paragraphe 10).
Or, il ne fait guère de doute, à la lecture de l’article 23 de la Charte point 5, que la modification en cours de la Constitution centrafricaine du 30 mars 2016 constitue bel et bien un tel changement anticonstitutionnel de gouvernement.
« Les États parties conviennent que l’utilisation, entre autres, des moyens ci-après pour accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un changement anticonstitutionnel de gouvernement :
(…)
Tout amendement ou toute révision des Constitutions ou des instruments juridiques qui porte atteinte aux principes de l’alternance démocratique ».
La violation de la Charte est donc certaine.
La conséquence de la violation de cette interdiction des changements anticonstitutionnel de gouvernement est, outre les sanctions applicables aux auteurs de ces changements, la suspension du pays des instances de l’Union africaine. Ainsi, en plus de violer un engagement fondamental pris au nom du Peuple centrafricain, le processus en cours aura pour effet de compromettre durablement les chances de coopération de la RCA avec les autres pays africains, et donc les perspectives de développement national.
AU REGARD DE L’ENSEMBLE DE CE QUI PRÉCÈDE,
Le G-16 invite tout citoyen, tout patriote et tout ami sincère du Peuple centrafricain à faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire échec au viol de la volonté des Centrafricains et des engagements de la RCA que représente la tentative en cours de modification de la Constitution du 30 mars 2016.
Fait à Bangui le 14 juin 2022
Le Coordonnateur national : Karl BLAGUÉ
Le Coordonnateur international : Pr Jean-François AKANDJI-KOMBÉ
Interviews et débats
Interview du Coordonateur national, M. Karl BLAGUÉ
Interview du Coordonateur international, le Prof. Jean-François AKANDJI-KOMBÉ
Débat sur radio Ndéké Luka : 11 juin 2022, avec la participation de Me Sombo Dibélé
Lissoro – Dialogue citoyen avec le Pr Akandji-Kombé sur la révision de la Constitution
À propos des menaces sur l'intégrité et la vie des leaders du G-16
13 juin 2022
Communiqué du G-16 Relatif à la multiplication des attaques contre ses leaders
Depuis quelques jours, nous assistons à une succession d’attaques visant les leaders du Groupe d’Action des Organisations de la Société Civile pour la défense de la Constitution (G-16). Parmi celles-ci :
- Les propos du Conseiller spécial du Chef de l’État centrafricain, Monsieur Fidèle GOUANDJIKA, dans le très suivi débat politique de la Radio Ndèkè Luka en date du 11 juin 2022, appelant à l’arrestation de la Conseillère Technique et Juridique du G-16, Maître Arlette SOMBO-DIBELE, pour les positions prises par elle contre le coup d’État constitutionnel lors de ce débat.
- L’appel de « Galaxie nationale », plateforme de soutien au Président TOUADÉRA dirigé par M. Didacien KOSSIMATCHI, à l’arrestation du Coordonnateur National du G-16, Karl BLAGUE, à travers un communiqué en date du 12 juin 2022 ;
- La chasse à l’homme contre le même Coordonnateur national du G-16, Karl BLAGUE, menée par les milices du groupe « Galaxie nationale » et par la milice présidentielle « Les Requins », à la suite de son interview sur Radio Ndéké Luka.
Le G-16 condamne fermement ces attaques contre des citoyens dont le seul crime est d’avoir exercé leurs droits constitutionnels à la liberté d’opinion, d’expression et d’association.
Il alerte de manière pressante les communautés nationale, africaine et internationale sur les dérives toujours plus dictatoriales et criminelles du régime en place à Bangui.
Le G-16, attaché au respect scrupuleux de notre Constitution et à la restauration dans notre pays des valeurs démocratiques véritables, poursuivra sans faiblir son combat jusqu’à ce que soient atteints ces deux objectifs, dans l’intérêt du Peuple Centrafricain. Et appelle tous les compatriotes patriotes à le rejoindre.
Ensemble, nous vaincrons !
Pour le G-16
Le Coordonnateur international : Pr Jean-François AKANDJI-KOMBÉ
2e Conférence de presse du G-16 (14 juillet 2022)
Propos liminaires
Télécharger les propos liminaires
PROPOS LIMINAIRES DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE ALERTE DU G-16 SUR LE PROJET EN COURS DE CHANGEMENT DE LA CONSTITUTION ET LES VÉLLÉITÉS D’INGÉRENCE POLITIQUE DU RWANDA EN RÉPUBLIQUE CENTRAFROCAINE
Centrafricaines, Centrafricains
Chers professionnel(les) des médias
C’est avec une détermination toujours aussi ferme que le G-16 revient aujourd’hui vers vous afin de faire le point sur la très préoccupante évolution de la situation politique en Centrafrique.
En effet, il y a précisément un mois, nous vous avons invité, dans cette même salle, afin de prendre part à la conférence marquant la création de notre plateforme. Cette première sortie médiatique était surtout marquée par des analyses juridiques et sociopolitiques pertinentes de la situation de notre pays. Des analyses qui, vous le savez, ont créé le déclic de la mobilisation des forces vives de la Nation face au projet mortifère et crisogène de modification de la Constitution.
Qu’il nous soit permis de dire ici que la nécessaire sortie du G-16 a aussi favorisé un réel débat citoyen au sujet du projet de modification de la Constitution, allant de l’analyse soutenue des praticiens du droit de notre pays aux grandes voix du monde académique. C’est pour nous l’occasion de féliciter entre autres compatriotes le Pr Jean-François AKANDJI-KOMBE, Dr Dominique Désiré ERENON, Me Arlette SOMBO-DIBELE, le Magistrat Joseph BINDOUMI, dont l’activisme médiatique ont permis de faire changer de fusil d’épaule aux mauvais génies de l’anticonstitutionnelle démarche de tripatouillage de la Constitution.
Vous l’aurez sans doute compris, aujourd’hui, de son projet initial de « modification de la Constitution », le régime est passé à celui de « changement de la Constitution », ce qui en dit long de la force des arguments magistraux de nos Constitutionnalistes, qui ont démontré que l’actuelle Constitution contient des dispositions indémontables, notamment celles qui touchent au nombre et à la durée des mandats présidentiels.
Il n’y a pas à s’en cacher. Ceci est déjà une franche victoire pour tous les Démocrates. Le changement de langage des porteurs éhontés de cette initiative antinationale, anticonstitutionnelle et antidémocratique, témoigne par ailleurs de leur inconsistance politique et juridique.
Bref, point n’est besoin d’épiloguer, nous vous avons invité à nouveau afin d’évoquer avec vous ce qui reste à faire pour imposer définitivement l’échec au projet de modification ou de changement de la Constitution de notre pays. Et notre analyse, pour cette conférence de presse, se ramènera à trois points essentiels :
1-Le massacre des libertés publiques en Centrafrique ne peut plus durer
Vous aurez sans doute compris que, ces derniers jours, des Citoyens centrafricains, vu leur avenir qui est en train d’être confisqué par le suicidaire projet de restauration du pouvoir à vie, avaient décidé de sortir pour manifester leur ras-le-bol. Ce que leur autorisent les lois de la République. Sauf, comme à ses habitudes, le régime de Bangui en mal de légitimité, a non seulement refusé d’autoriser la marche pacifique, mais tolère pour ne pas dire autorise ses associations satellitaires à menacer de sévices corporels et de mort des citoyens qui ne demandent rien d’autre que le respect de la Constitution.
Mais il y a bien pire…Au-delà de ces relents de plus en plus dictatoriaux, le pouvoir, malgré l’interdiction du ministère de l’intérieur (jeu politique ?), est resté muet et a donc de fait encouragé la marche du Front Républicain, spécialisé dans les discours de haine et les appels aux meurtres des voix dissonantes dans le pays.
Disons-le simplement et sans détour : Nous ne sommes plus en démocratie. De plus en plus, le caractère dictatorial et oppresseur du régime actuel ne fait que s’accentuer. Un véritable outrage, une véritable insulte à la mémoire des héros de notre démocratie et de la liberté de nos Peuples (Feux Barthélémy Boganda, Jean-Paul Ngoupandé, Pr Alphonse Blagué, Pr Abel Goumba, Me Henri Pouzère, Me Zarambaud Assingambi, et nous en passons…).
Ceci étant dit, le G-16 continue et continuera à dénoncer avec force la dérive autocratique du pouvoir actuel, et à appeler la Communauté internationale à prendre la mesure des violations graves et systématiques des libertés publiques en Centrafrique. Le G-16 lance aussi un vibrant appel à la population : ensemble, restons éveillés, prêts à défendre nos droits et libertés face à l’inacceptable retour du monstre de la dictature dans notre pays. Nous avons été capables de vaincre ce monstre hier. Nous le pouvons encore aujourd’hui, avec l’aide de l’esprit de nos martyrs pour la cause de la démocratie en RCA.
2-La classe politique centrafricaine doit sortir de sa torpeur et s’engager clairement et sans équivoque dans la bataille
Durant ce temps d’observation, il nous a été aussi donné de constater le manque à l’appel de la classe politique centrafricaine. Tout donne à penser que la terreur imposée par le régime en place a eu raison des partis et leaders politiques de notre pays. En effet, non seulement ils peinent à s’unir pour mener le combat crucial contre les velléités de réinstauration du pouvoir à vie en Centrafrique, mais, même individuellement, on entend guère leurs voix. Est-ce par manque de stratégies ?
Quoiqu’il en soit, le G-16 appelle les leaders politiques aussi bien de l’opposition que de la majorité (lesquels sont contre le projet de changement de la Constitution en cours) à se ressaisir, à sortir de leur torpeur, et ceci par des actions concrètes, à l’Assemblée nationale comme dans les quartiers, pour qu’enfin, nous puissions faire front sur le terrain contre les velléités de confiscation du pouvoir du Peuple.
L’exemple des pays frères de la Guinée Conacry, du Sénégal, de la RD Congo ou du Burkina Faso avec le balai citoyen, le FNDC, le Filimbi ou encore Touche pas à ma Constitution doit plus que jamais nous servir dans cette lutte sans merci pour notre survie et celle de notre Nation.
3-Les velléités d’ingérence politique du Rwanda en Centrafrique ne passeront pas
Il nous a été rapporté, de sources sures et dignes de confiance, la forte implication du leader Rwandais dans les manœuvres actuelles. Il est en effet question que celui-ci finance l’inique référendum constitutionnel que prépare le pouvoir actuel, dont le but n’est autre que de maintenir Touadéra au pouvoir.
Le G-16 met en garde le Président Kagamé contre toute action qui, non seulement constitue une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays, mais qui se présente aussi objectivement comme une action contre le Peuple centrafricain. Il rappelle qu’en vertu de l’article 28 de notre Constitution, toute personne ou tout Etat qui prend part à un changement anticonstitutionnel de gouvernement dans notre pays aura déclaré la guerre au Peuple centrafricain.
Le G-16 appelle par conséquent le Peuple frère du Rwanda à s’unir à son action pour que pareil forfait ne soit pas commis en son nom.
Fort de tout ce qui précède le G-16 dénonce avec vigueur toute manœuvre visant le bradage de la souveraineté nationale et lance un appel fort et pressant à l’endroit de l’ensemble des forces vives de la Nation (opposition démocratique, société civile, défenseurs des droits de l’Homme, compatriotes de la diaspora) en vue d’un front uni pour faire échec au projet en cours de changement de notre Constitution et d’installation du pouvoir à vie de M. Touadéra.
Dès les prochains jours, nous mènerons des consultations officielles des différents acteurs en vue de dégager une démarche consensuelle de riposte pacifique et républicaine. A la population de rester éveillée et de se tenir prête pour répondre au mot d’ordre de la mobilisation générale qui sera bientôt lancée.
Tous pour une alternative crédible et démocratique au bénéfice du Peuple souverain !!!
Nous vous remercions !!!
Le Coordonnateur national : Karl BLAGUE
Le Coordonnateur international : Jean-François AKANDJI-KOMBE
Suites de la conférence de presse...
Pr Akandji-Kombé, Invité de ce Journal Afrique de Tv5Monde, en tant que Coordonnateur international du G-16, pour évoquer le projet de modification de la Constitution en RCA afin d’installer le pouvoir à vie de F. A. Touadera.