Un de mes étudiants de 2e année de Licence AES (Administration économique et sociale), M. Saba Parnak, m’a signalé un article qu’il a publié dans une revue.
Vous imaginez aisément la fierté du Professeur. Non pas parce que celui-ci y serait pour quelque chose. Au plus, l’article ne porte pas, pas avant tout, sur le droit. Il est même dénué de tout lien avec la matière que je professe aux étudiants dont il fait partie : le droit administratif.
Mais il a d’autres qualités que je trouve autrement plus essentielles :
- l’interrogation de soi, la réflexion et, pour tout dire l’ouverture et l’inquiétude – parfois torturante – de l’esprit ;
- l’engagement (la revue qui a accueilli son papier – la Revue Regain – a pour maître-mots “l’implication de la jeunesse dans le débat public” ;
- un certain goût du risque (comment considérer autrement le fait de s’attaquer au sujet de la “punition” et de la “peine” ?).
Toutes raisons pour lesquelles je vous invite, en manière de félicitations et d’encouragement à l’auteur, à lire son texte…
DE LA PUNITION, OU LA RECHERCHE D’UNE COHÉRENCE DANS LA PEINE, par Saba PARNAK (Extraits…)

Avec l’avancée du FN, et la position de ce parti sur la peine de mort, une partie de la population commence, ou recommence, à en faire l’apologie. Si l’on tue, ou si l’on viole,on « mérite » de mourir, car « œil pour œil, dent pour dent », ou parce qu’on est nuisible, mauvais ou inhumain. A l’inverse, d’autres soutiennent qu’il est moralement intolérable de punir de mort pour des actes immoraux. Ici chacune des parties se dit le héraut du bien et de la justice contre le mal et l’injustice. Pourtant, peut-être que la vrai question n’est pas de savoir ce qui est bien ou mauvais, mais ce qu’est punir.
Pour le dictionnaire, punir est « châtier pour un acte délictueux, une faute ». La punition se conçoit donc comme une dérogation au droit et comme réaction institutionnalisée à cette dérogation, mais quelle est son utilité ? Ou plus exactement quel est le but de la punition ?Savoir à quoi sert une punition nous permet d’envisager les punitions possibles : peine de mort ou non, prison, goulag, centre éducatif, etc. Pour avoir des éléments de réponse, il faut partir dans l’optique de chercher ce qui est le plus bénéfique à la société, car c’est elle qui punit.
Initialement, un individu ne distingue pas punition et vengeance. Ainsi, punir l’un aurait pour objectif de venger l’autre, de répondre à un sentiment vindicatif. Là-dessus, on cherche donc à savoir quelle est la peine qui satisfera le plus la victime. Ici la société ne tire aucun bénéfice, elle est presque inexistante puisqu’elle n’agit pas en son nom. En effet, si l’on cherche la vengeance, on ne punit pas pour le mal qu’a causé la personne à la société et à la paix, mais pour le dédommagement d’un individu. Cela reviendrait à se limiter à un droit civil, et à ne pas avoir de droit pénal, à avoir un droit du dédommagement, mais ne pas avoir de droit de la punition.
Un autre but pour punir, dégagé par des auteurs chrétiens comme Locke, est d’inspirer la crainte et notamment du repentir […]
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