La faute à la Constitution ?
HYMNE FUNÈBRE POUR TOUADÉRA LE LIQUIDATEUR
Tout est bon pour nous faire croire,
Que tout notre malheur provient d’elle et d’elle seule :
La Constitution du 30 mars 2016.
Qu’ils pillent l’État, c’est la faute à la Constitution ;
Qu’ils négligent le Peuple, c’est la faute à la Constitution ;
Qu’ils soient indifférents aux massacres de Centrafricains, la faute encore à la Constitution ;
Qu’ils ne compatissent pas au sort des réfugiés, des déplacés, des inondés, des malades : toujours la faute à la Constitution.
À les entendre encore :
C’est par la faute de cette Constitution :
Qu’ils ont nommé les chefs criminels au gouvernement ;
Qu’ils ont arraché le criminel Hassan Bouba des mains de la justice ;
Qu’ils ont décrété l’impunité pour tous les criminels qui les servent :
Des Wagners qui tuent et violent dans les provinces,
Aux Kossimatchi et autres Doneng qui exécutent dans la capitale.
C’est la faute à la Constitution :
S’ils ont remplacé notre Conseil des Ministres par leur Conseil de tribu ;
S’ils ne nomment aux postes clés de notre État que les membres de leurs familles ;
Si les sièges de nos institutions sont devenus des repères de malfrats internationaux ;
S’ils fraudent systématiquement aux élections ;
S’ils corrompent les Députés pour voter les Lois ;
S’ils ont transformé les biens de l’État en leurs propriétés privées ;
S’ils ont généralisé la corruption.
C’est encore la faute à la Constitution :
S’ils tuent la liberté des citoyens :
Liberté de parler, liberté de se réunir, liberté de circuler, liberté de manifester, et même liberté de choisir nos représentants ;
S’ils vendent la RCA morceau après morceau à l’étranger :
La nationalité, les terres, le sous-sol ;
S’ils vendent ainsi la condition d’Êtres libres des Centrafricains,
Condamnés à servir d’esclaves à d’autres demain.
C’est toujours et encore la faute à la Constitution :
S’ils n’ont construit aucune école ;
S’ils n’ont bâti aucun hôpital et pas même un dispensaire ;
Si l’Université est en lambeaux ;
S’il n’y a pas d’eau potable jusque dans la capitale ;
Si les rues de cette capitale rivalisent de trous ;
Si les routes du pays sont pires que des pistes de brousse ;
S’ils n’ont pas créé d’emplois pour les jeunes ;
Si les Centrafricains ne peuvent plus cultiver, commercer, entreprendre en paix ;
Si les prix des denrées alimentaires assomment et affament les familles.
Bref, à les entendre, c’est la faute à la Constitution :
S’ils n’aiment pas la terre de Centrafrique, et s’ils n’aiment pas les Centrafricains, au point d’avoir décidé de liquider les deux.
Mais qu’ils se le disent : leurs arguties ne trompent plus, et pas même ceux-là :
Ceux-là dont les pieds ont été achetés à vil prix pour leurs marches forcées ;
Ceux-là dont les mains ont été réquisitionnées pour acclamer la forfaiture,
Ceux-là dont les voix ont été louées pour encenser l’inacceptable.
Car la fin de la manipulation a sonné.
Au Président Touadéra de choisir :
Soit aimer la RCA, soit la quitter ;
Soit gouverner pour les Centrafricains, soit dégager !
Le 10 août 2022
Pr Jean-François AKANDJI-KOMBÉ
Citoyen Centrafricain, Président de Citoyens Debout et Solidaires Centrafrique (CDS-CA); Coordonnateur international du G-16
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